Parmi les 24 carrières qui participent actuellement au projet Life in Quarries, les Calcaires de la Sambre font partie des premières à nous avoir rejoint. Nous avons rencontré michel Evrard, le directeur du site.
Quelles sont les spécificités des « Calcaires de la Sambre » ?
Comme son nom l’indique, sa spécificité est la production de calcaires mais il y a un S à Calcaires. En effet, nous produisons plusieurs sortes de calcaires chez nous. Il y a du calcaire type « Génie civil » (utilisé pour les fondations, sous-fondations, empierrements, béton, etc.). Nous avons également une veine à haute teneur en Carbonate de calcium, la plus pure de Belgique (99 % de CACO3). Ce type de calcaire est demandé dans l’agriculture, l’alimentation animale, dans la désulfurisation des fumées, dans la sidérurgie, dans la verrerie et bien d’autres domaines.
Quelles ont été les motivations des « Calcaires de la Sambre » à rentrer dans le programme LIFE in Quarries ?
Nous avons comme vocation première la production de cailloux mais nous voulons le faire en dérangeant le moins possible le voisinage. Dans ce contexte-là, on veut aussi apporter quelque chose à la protection de l’environnement. C’est fini l’époque des chancres industriels qu’étaient les carrières il y a de nombreuses années où on ne faisait qu’extraire sans prendre aucun soin dans les dépôts des déchets, sur les huiles de vidange, etc,… Maintenant, nous prenons plus en compte l’environnement, sans que cela soit une obligation mais un devoir d’arriver à faire quelque chose de propre dans ce qui est l’extraction.
Parmi les actions menées dans le cadre du projet Life, certaines ont-elles été plus compliquées à mettre en place ?
Nous avions connaissance depuis longtemps de la présence d’espèces pionnières dans nos carrières. Les actions ne sont pas compliquées à mettre en place car nous avons les engins à disposition. Par exemple, pour réaliser les mares pour les crapauds calamites, il nous faut plus de temps pour acheminer les engins que pour creuser les mares ! C’est l’avantage que nous avons dans les carrières en activité comparé à d’autres mesures similaires réalisées dans d’autres structures qui demandent beaucoup plus de temps. Avec l’aide des autres partenaires du projet, nous localisons les endroits les plus pertinents dans la carrière. Ensuite, cela nous prend que quelques minutes pour réaliser les actions! Pour être le plus efficace, nous essayons de mener le plus d’actions en même temps.
Avez-vous vu une évolution de la mentalité du personnel dans la perception de la protection de la biodiversité ?
Nous avons des personnes plus sensibles que d’autres à cette problématique. C’est peut-être à ce niveau que nous avons le plus de boulot. En effet, nous avons du personnel qui réalise son travail sans trop réfléchir et d’autres qui sont plus ouverts vers l’extérieur. Vu que nos actions sont mises en défens, souvent dans des zones moins actives dans la carrière, nous devons souvent rappeler les actions en cours dans la carrière.
Pour cela, la disposition des panneaux explicatifs est un bon outil pour rappeler la mise en place de mesures en faveur de la diversité pour le personnel. Ces panneaux sont également utiles pour montrer aux visiteurs de la carrière toute la biodiversité dans les carrières et les mesures mises en place par nos soins. De plus, nous avons du personnel spécifiquement formé à la gestion de la biodiversité via les formations « Madame et Monsieur biodiversité » (http://biolandscape.eu/2016/10/25/madame-monsieur-biodiversite/).
Comment voyez-vous l’avenir des actions mises en place après le projet LIFE ?
Nous sommes déjà engagés pour une période de 15 ans après le projet LIFE. Si après il n’y a plus rien ce serait dommage. Mais je pense que toutes les personnes engagées dans le projet, voyant que ça ne prend pas énormément de temps, seront toujours favorables à mener ces actions. J’espère que la Fediex sera toujours là après le LIFE pour les inviter à continuer et que nous aurons toujours des échanges entre les responsables de la nature et le secteur carrier.
En tant qu’acteur privé, pensez-vous que le projet pourrait servir de modèle à d’autres secteurs pour promouvoir la biodiversité dans leurs actions ?
À notre niveau, un riverain propriétaire d’un terrain à fait appel à nous pour pouvoir creuser une mare dans sa parcelle. Avec l’équipe de Natagora, nous avons réalisé les plans et les autorisations nécessaires pour la réalisation de cette mare qui sera dans le prolongement de la carrière. Je pense que d’autres industries peuvent être inspirées mais il faut du terrain. Nous nous sommes particulièrement privilégiés car nous disposons de beaucoup de terrains et nous avons les machines.
Je pense que c’est plus difficile dans d’autres secteurs de mettre en place les mesures que nous réalisons. Par contre, il serait intéressant que les communes travaillent avec les carriers pour que ceux-ci puissent les aider sur leur terrains afin de réaliser des actions favorables à la biodiversité !