Située le long de la Meuse, la carrière d’Hermalle est l’une des trois carrières du groupe LHOIST participant au projet LIFE in Quarries. Nous avons rencontré Emmanuel Boland, responsable Patrimoine du site, pour lui poser plusieurs questions sur le projet.
Quelles sont les spécificités de cette carrière ?
Tout d’abord, c’est une carrière dont l’exploitation a été fortement réduite. Il y a relativement peu d’activité en carrière. Par contre, il y a des grandes surfaces de d’anciennes dépendances qui ne sont plus utilisées. C’est une configuration différente des autres carrières où l’on a des fronts qui avancent, qui sont actifs et des dépendances réduites. Sur ce site, vu la faible activité, la végétation s’est développée considérablement. Le projet LIFE in Quarries vise à rouvrir les milieux favorables à la biodiversité.
Quelles ont été les motivations à rentrer dans le projet LIFE in Quarries ?
Je ne peux pas parler au nom de ma hiérarchie qui a pris la décision d’intégrer ce projet. Néanmoins, je m’inscris totalement dans cette vision et la suis avec enthousiasme. Je suis convaincu par l’idée d’associer l’activité des carrières et la préservation de la biodiversité. C’était ici l’occasion unique de montrer un secteur constructif et collaboratif. C’est aussi pour le secteur une façon de se montrer comme des acteurs industriels responsables et autonomes.
Parmi les actions menées dans le cadre du projet LIFE, certaines ont-elles été plus compliquées à mettre en place ?
Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, il ne suffit pas de creuser pour avoir une mare. C’est même l’inverse. La mare type en carrière, c’est la mare où le sol a été complètement compacté par les roues des véhicules. Ce compactage crée une croûte imperméable et c’est ça qui fait l’étanchéité. En voulant agrandir et approfondir certaines mares, nous avons eu quelques déconvenues : une fois la couche du fond percée, les mares se sont vidées.. Un autre problème rencontré au début fut le manque de communication. Au volant d’un engin de carrière, on pose des gestes qui ont du poids ! Un aménagement a ainsi disparu sous de la pierre. Pour y remédier, il faut penser à placer des panneaux, à mettre les zones en défens mais surtout communiquer. L’ensemble du personnel est partant mais doit évidemment disposer de l’information.
Avez-vous vu une évolution de la mentalité du personnel dans la perception de la protection de la biodiversité ?
Je suis peu en contact avec le personnel de terrain. Néanmoins, j’ai participé à deux réunions d’information à destination du personnel ouvrier et du Conseil d’entreprise, j’ai rencontré beaucoup de personnes enthousiasmées par le projet. Le responsable « Biodiversité » de notre site a aussi été formé pour réaliser des monitoring biologiques. Vu cette responsabilité, il sera donc d’autant plus attentifs à la biodiversité dans la gestion de la carrière. On remarque aussi que, parmi les articles régulièrement publiés sur l’intranet du groupe Lhoist, ceux relatifs à la biodiversité et aux démarches associées bénéficient d’un excellent taux d’intérêt.
En tant qu’acteur privé, pensez-vous que le projet pourrait servir de modèle à d’autres secteurs pour promouvoir la biodiversité dans leurs actions ?
On peut voir que d’autres acteurs privés sont également déjà investis dans des projets similaires. Par exemple, le projet LIFE Elia-RTE vise la transformation des emprises forestières des tracés de lignes à haute tension en corridors écologiques. Nous voyons donc que nous ne sommes pas les seuls acteurs privés à réaliser des mesures en faveur de la biodiversité. Et je suis persuadé que c’est à bon escient. On démontre d’abord que nous voulons être des acteurs sociaux responsables. Mais on doit surtout démontrer que nous le sommes, et cela stimule notre rigueur de gestion : il n’y a pas de gestion à vitesse variable en fonction des sujets, il y a une seule et bonne façon de gérer qui doit s’appliquer à toute notre activité. C’est exactement le même cas de figure pour la sécurité au travail.