Vous désirez tondre sans subir le bruit et la fumée d’un moteur ? Venir à bout des herbes indésirables sans recourir aux pesticides ? Entretenir de grandes surfaces sans dépenser d’énergie, le tout sur des sites inaccessibles aux machines ? Alors il vous faut des champions : il vous faut des moutons ! Mais pas n’importe lesquels…

 

 Dans le cadre de l’unité d’action « Prairies pâturées », Life in Quarries a choisi trois races ovines pour « éco-pâturer » les alentours de cinq sites carriers membres du projet. Des zones périphériques importantes elles aussi, qui ont grand besoin de ces jardiniers obstinés.

Voilà pourquoi, depuis la fin de cet hiver, les moutons ratiboisent, mâchent, bêlent et se baladent en toute tranquillité sur nos sites d’Hermalle, de Jemelle, de Clypot, d’Antoing et de Gaurain.

 Un concept positif à la fois sur le plan économique et social, mais également sur le plan culturel puisqu’il s’agit de 3 races rustiques « bien de chez nous » qui ont, à leur niveau, marqué l’histoire de notre petit royaume.

 

 

Le mouton de Soay : l’ancêtre

Cette espèce,  qui ressemble, plus à un Mouflon (une race d’ovin sauvage qui vit en montagne) qu’à un mouton parcourait déjà nos contrées il y a plus de 3000 ans ! D’ailleurs il n’a pas beaucoup changé depuis et garde une apparence un peu préhistorique :  une tête recouverte de cornes tant chez les béliers que les brebis, un corps massif et trapu recouvert d’une épaisse toison foncée terminé par une queue courte…

 

 

Avec l’arrivée des premières civilisations qui vont développer l’agriculture en Europe, ce petit mouton brun (+/- 55 cm au garrot pour les béliers) plus habitué aux grands espaces sous la pluie qu’aux étables remplies de foin, va progressivement être remplacé par d’autres races plus productives en terme d’élevages.

 

Pourtant, le  Soay est naturellement très résistant aux parasites et aux épizooties ; les épidémies qui frappent les animaux. De plus, il est nettement moins sélectif en terme de nourriture que nos jolis moutons blancs modernes, d’où son utilité dans les prairies fraîchement créées par les équipes de Life in Quarries.

 

 

Petit et léger, avec des sabots qui ne demandent pas réellement d’entretien, il occasionne peu de dégradation aux sols, berges, digues et mares près desquelles il pâture. Son principal ennemi serait plutôt les rayons brûlants du soleil d’été que la bise hivernale.

 

 

L’ardennais tacheté : un « ovin-lmatien »

Repris sur la liste des espèce locales menacées, l’Ardennais tacheté – tout comme le Roux ardennais – est une race à protéger.

 

Il tient son nom des taches rousses et brunes qui colorent sa tête dépourvue de cornes.

Idéal pour les élevages en plein air, il est également très fertile avec des portées de deux à trois agneaux. Sa viande est réputée pour sa qualité.

 

 

Le Roux ardennais : le mouton du come-back

Quant à l’Ardennais roux, il connaît un engouement remarquable en Wallonie pour l’instant. Peut-être car il demande peu d’infrastructures vu qu’il est tout a fait adapté pour passer l’hiver dehors…

Disparu des Ardennes dans les années 50, l’agneau ardennais naît complètement roux avant de s’éclaircir vers l’âge de trois mois pour prendre une teinte beige clair. Cependant, sa tête et ses pattes restent rousses.

Plus grand que le mouton Soay, le bélier, orné d’une crinière de poils roux, mesure en moyenne 70 cm au garrot pour un poids d’environ 80 kg.

 

 

Ces trois races rustiques possèdent une formidable résistance aux parasites, représentent un gain de temps pour leurs propriétaires qui ne doivent que peu s’en occuper tant pour l’entretien des animaux que pour leur alimentation et sont naturellement adaptées à des conditions climatiques difficiles. Elles sont donc parfaites pour les abords de nos carrières wallonnes !

 

Pourquoi on fait ça déjà ?

 

Les alentours des carrières gérées dynamiquement dans le cadre du projet Life in Quarries ressemblent souvent à de petites jungles impénétrables. Pourtant, ces zones en périphérie des sites en exploitation ont également leur importance dans le projet puisqu’elles constituent une formidable opportunité pour la restauration de pelouses calcaires ou acidophiles (en fonction du type de roches exploitées), ces fameuses pelouses qui pourront accueillir des espèces pionnières en mal d’habitats !

C’est pourquoi les équipes de Life in Quarries, après une étude des différents terrains potentiels et aidées par les carriers, ont – en plus des actions de nature temporaire menée au cœur des sites – entamés la restauration de ces milieux dans une optique de gestion extensive et permanente.

Avec un objectif initial de 50 hectares, ces aménagements devraient permettre de restaurer et gérer environ 80 hectares sur 8 sites différents.

Une démarche qui a impliqué différents types de travaux tels que le débroussaillage de ces espaces, leur déboisement, la réalisation de semis ou de transfert de foins, la lutte contre les plantes invasives (comme le Buddleia ou le Robinier), la pose de clôtures…

L’arrivée des premiers moutons a, donc, clôturé ces longs préparatifs et permis d’entamer une nouvelle phase du projet ; celle d’une gestion sur le long-terme de ces espaces désormais livrés aux dents de ces architectes paysagiste acharnés.