Découvrons une espèce quotidienne et méconnue qui, pourtant, ne passe pas inaperçue.
Dans les ourlets de végétations aux abords d’une carrière du projet Life in Quarries, retenti un concert endiablé. Dissimulés parmi les buissons, plusieurs oiseaux de petite taille au plumage jaune et brun ouvrent grands leurs becs et s’en donnent à cœur joie en poussant bien fort leur cri, comme un charabia compulsif.
Ces crieurs emplumés, ce sont des Hypolaïs polyglottes aussi appelés » Contrefaisant à ailes courtes » – quoi que vous nous direz que ce n’est pas plus simple à retenir.
Pourquoi ce sobriquet ? Car ces petits passereaux de la famille des fauvettes, seuls représentants du genre Hypolaïs dans le sud-ouest de l’Europe, ont la particularité de savoir imiter le cri d’autres oiseaux… Et d’aimer bavarder. En anglais, on les appelle d’ailleurs les « melodious warbler » (les fauvettes mélodieuses). Écoutez plutôt :
Son chant est composé de deux parties.
Le premier couplet, est constitué d’une séquence très brève, stridente et saccadée, imitant le cri d’un autre oiseau (comme un merle, un moineau, un rouge-queue, une hirondelle) et répété durant plusieurs secondes.
Le second couplet, ensuite, consiste en un amalgame de différents cris d’oiseaux savamment entremêlés dans une cacophonie incompréhensible et précipité (jusqu’à 400 notes par seconde) qui dure souvent plusieurs minutes ! Autant le dire clairement, l’Hypolaïs polyglotte est plus proche d’un groupe de jeunes, armés de guitares électriques à la main, qui répètent dans un garage que d’une chorale de Noël ou d’une berceuse.
Insectivore, migrateur et thermophile, l’Hypolaïs polyglotte affectionne les milieux de plaine buissonnants et ensoleillés, présentant une alternance de zones broussailleuses et de zones herbeuses. Ayant commencé à se reproduire en Wallonie dans les années 80, il a ensuite colonisé la moitié du territoire et y a constitué une importante population.
Récemment aperçu sur un des sites du projet Life in Quarries, notre informateur (employé par Natagora et chargé de projet pour LIQ) nous a rapporté avoir compté au moins 4 individus. Un fait plutôt rare puisqu’il ajoutait ;
De ma vie avant le Life, je n’ai souvenir que d’une seule autre occasion où j’ai trouvé plusieurs chanteurs voisins… Et c’était aussi le long d’une carrière (la carrière de Lasnenville près de Malmedy).