Résumé de deux journées sur le terrain, à la recherche de larves de triton crêté.

 

JOUR 1

Il est 13h30, jeudi, quand nous arrivons aux abords de la carrière.

Le ciel est gris, le vent est frais : on oublierait presque qu’on est en juillet. Apportés par la brise, nous entendons les bruits qui émanent du site. Ça craque, ça gronde, ça résonne, ça vrombit ; ça sonne grand.

Nous sommes rejoints par Charlotte Mathelart, naturaliste pour le PNPE (Parc naturel des plaines de l’Escaut), un des partenaires de notre projet.

Première étape : vérifier les nasses dont nous allons nous servir pour recueillir les larves de tritons crêtés que nous espérons trouver dans deux mares creusées un peu à l’écart du fond de fosse. C’est dans ces deux points d’eau qu’ont été transloqués plus tôt dans la saison des fragments de pontes issus de sites sources situés à proximité.

 

 

Nous nous dirigeons, ensuite, vers le bureau du responsable de la carrière afin de vérifier que notre équipement (casque, lunettes de sécurité, gilet fluo et chaussures de sécurité) est au complet. Nos semelles crissent sur le gravier et s’enfoncent dans la couche de boue anthracite qui recouvre le sol.

Autour de nous, d’énormes camions aux bennes tantôt vides, tantôt remplies effectuent leur incessant  ballet dans cet univers gris.

 

 

 

Les consignes de sécurité reçue, nous quittons le centre de l’activité pour entreprendre notre ascension vers les mares réceptrices situées sur les hauteurs du site, à travers un petit chemin que seul un oeil initié peut repérer.

 

 

Arrivé sur place, nous posons 5 nasses par mares – que nous lançons depuis le bord – et que nous attachons à un tuteur enfoncé dans la berge meuble. Il ne reste qu’à attendre et espérer que la « pêche » sera fructueuse le lendemain.

 

 

Mais avant de partir, nous accompagnons Charlotte qui doit réaliser un inventaire botanique dans le fond de fosse. La sirène de fin de journée à retenti, les moteurs se sont tus : nous sommes seuls.

L’occasion pour nous de contempler, tout à notre aise, ce paysage atypique, imposant et pourtant paisible qu’offre une carrière quand seuls y résonnent le cri des faucons et le vent dans les roseaux.

 

 

Jour 2

Cette fois, nous nous donnons rendez-vous à 8h30 du matin.

Un rayon de soleil perce le ciel gris (nous aurons le temps de prendre de sérieux coups de soleil plus tard dans l’après-midi, au milieu des hautes herbes).

En premier, nous nous dirigeons vers la motte, où sont parqués les moutons Soay qui éco-pâturent les abords de la carrière… mais que nous n’apercevrons que de loin.

 

 

L’occasion de relever les plaques à reptiles et amphibiens et de découvrir ce qui se cache en dessous (essentiellement des fourmis ce jour-là).

 

 

Et nous faisons le tour de plusieurs mares dans lesquelles nous constatons, sur les berges, des exuvies (l’enveloppe laissée lors de la mue d’une larve en adulte) de libellules.

 

 

Dans l’eau, nous notons la présence d’algues (dont quelques Characeae), de petits mollusques d’eau douce, et de nombreuses pontes de Crapauds calamites, une des espèce cible du projet, reconnaissable à son arrangement en deux longs cordons pouvant atteindre plusieurs mètres.

 

 

Après ces observations minutieuses de la mare et de ses alentours, nous redescendons de la motte et prenons, ensuite, le chemin des deux mares dans lesquelles nous espérons trouver Triturus Cristatus, isolées au milieu d’une friche remplie de fleurs sauvages où chantent un Pipit Farlouse et une bergeronnette grise.

 

 

Les nasses ont prouvé leur utilité.

Les tritons se sont montrés curieux : nous recensons un grand nombre de larves !

C’est parti pour un comptage en règle (photographie en prime) qui va durer plusieurs heures, accroupis sur des berges glissantes, en plein soleil.

 

 

Nous découvrons également plusieurs têtards d’Alytes accoucheurs (Alytes obstetrican) au stade de développement bien avancé.

 

 

Malheureusement, si nous avons compté de nombreuses larves de triton alpestres et quelques unes de triton ponctué, pas de trace de Triturus Cristatus, notre espèce cible.

Nous repartons bredouille mais néanmoins heureux d’avoir constaté tant de vie dans ces points d’eau de petite taille.

Concernant Triturus cristatus, un deuxième recensement – quand les mares seront plus remplies – sera donc nécessaire, plus tard dans la saison.