Le Parc naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE) est un des partenaires du projet LIFE in Quarries.
Une des forces du projet Life in Quarries est l’implication de plusieurs partenaires privés et publics qui travaillent main dans la main au développement et à la protection de la biodiversité dans les carrières en activité.
Charlotte Mathelart du PNPE, en plein recensement de larves de Tritons Crêtés, été 2020
Depuis 2015, nous entretenons une étroite collaboration avec le PNPE.
Un partenaire fort d’une longue expérience avec le milieu extractif puisque, dans le cadre de ses missions, le PNPE entretient des contacts avec pratiquement toutes les carrières en activité du bassin Tournaisien et avait déjà mis en place de nombreuses actions dans les carrières avant le début du projet.
En 2018, nous avions interviewé Benoit Gauquie, coordinateur naturaliste au Parc naturel des Plaines de l’Escaut, sur les missions du PNPE dans le projet Life in Quarries ainsi que sur les forces et les difficultés rencontrées.
Deux ans plus tard, à l’occasion de notre série d’article « Nos partenaires », nous l’avons réinterrogé.
Quelles sont les spécificités du PNPE ?
Reconnu en 1996, le Parc naturel des Plaines de l’Escaut s’étend sur près de 46.500 hectares et rassemble 100.000 habitants répartis sur les communes d’Antoing, de Beloeil, de Bernissart, de Brunehaut, de Péruwelz, de Rumes et de Tournai.
Adossé à la frontière française, le territoire du PNPE, la seule plaine alluviale de la Région wallonne, est parcouru par des centaines d’hectares de zones humides.
20% de la zone du Parc est caractérisé par une présence significative de forêts et boisements et 50% par des terres agricoles.
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Ses missions sont diverses et multiples : protection, renforcement et valorisation de la biodiversité, aménagement du territoire, animation d’un réseau d’éco-jardins, actions en collaboration avec des CPAS et structures d’insertions socio-professionnelle sur la formation d’ouvriers à la gestion de sentiers balisés et de milieux naturels, préservation du paysage, maintien du développement d’une agriculture durable et de l’économie locale, missions d’éducation et de sensibilisation du public etc.
Comment êtes vous rentrés dans le projet LIFE in Quarries ?
» Quand le projet LIFE in Quarries a été rédigé, l’Agro-Bio Tech de Gembloux (ndlr : un autre partenaire du projet) a pris contact avec nous pour récolter des infos afin de déterminer les carrières du Tournaisis qui pourraient convenir pour le projet.
À force de discuter, nous nous sommes dit qu’en fait, ce serait une bonne idée que le PNPE devienne directement partenaire du projet.
Je suis chargé de mission patrimoine naturel et biodiversité au PNPE.
Il y a 20 ans, je collaborais déjà avec les carrières pour des inventaires sur site (notamment en ce qui concerne la recherche du Faucon Pèlerin et du Grand-duc ensuite) et pour des questions de gestion de petits sites périphériques (terrils).
Du coup quand le PNPE a rejoint le projet, j’étais en « terrain connu » sauf sur 4 sites, situés en dehors du périmètre du Parc Naturel. »
Benoit Gauquie, chargé de mission Patrimoine naturel & Biodiversité et coordinateur naturaliste du projet Life in Quarries pour le PNPE, interviewé par Céline Druez, responsable communication du projet Life in Quarries.
Que retirez-vous de votre participation au projet ?
« Dans le Tournaisis (ndlr : la Région de Tournai), on extrait de la pierre calcaire.
Un côté intéressant du projet a été de découvrir d’autres types de sites extractifs, avec d’autres configurations, d’autres modes d’exploitation, et d’autres types de matériaux extraits comme du Porphyre (roche magmatique) ou de la pierre bleue. Je pense que l’équipe a trouvé ça très enrichissant. »
« Forcément, nous avons connu des difficultés. Par exemple, nous nous sommes rendus compte que, même s’il y avait eu de nombreux échanges lors de la rédaction du projet, il y avait des choses qui n’avaient pas été « assez » discutées comme par exemple pour l’action sur les semis. Où et quoi semer ? Et dans quelles conditions ?
Les protocoles d’inventaires étaient terriblement rigoureux, minutieux et complexes à s’approprier (outil d’encodage, cartographies, etc.) ce qui les rendait très chronophages et nous bloquait quelque peu dans l’avancement des actions.
Il a fallu de nombreuses et longues réunions et du dialogue pour régler tout cela. Heureusement, nous sommes finalement arrivés à simplifier les protocoles et, à partir de la deuxième année, nous avons trouvé notre vitesse de croisière. »
« Je dirais que ce qu’on a vraiment appris en fin de projet, c’est que le dialogue et le compromis sont importants et qu’il est impossible de mettre tout le monde d’accord mais on peut faire un maximum pour.
En ce qui concerne les actions, notre expérience nous apprend que si on veut avoir des mares pionnières et permanentes il vaut mieux travailler sur les flux d’eaux permanents. En effet, en milieu carrier, on est souvent sur un sol perturbé, non-homogène et rarement imperméable. Nous avons eu besoin de trouver du substrat adéquat pour imperméabiliser le sol sans compter que nous avons connu de grosses sécheresses les 4 dernières années.
Il faut créer des mares là où il y a déjà de l’eau, ou là où l’eau s’accumule par ruissellement (exemple: sur le bord des pistes puisque quand il ne pleut pas durant plusieurs jours/semaines, les pistes sont arrosées). »
D’après vous, quelles sont les forces du projet LIFE in Quarries ?
Il y en a plusieurs mais l’une d’elle vient de ses nombreux partenariats. Nous avons, par exemple, beaucoup pu échanger nos expériences avec Natagora et, ainsi, nous améliorer et nous enrichir mutuellement.
Mais aussi avec les éleveurs, les agriculteurs et les partenaires locaux (organisation de marches en carrières, écoles, etc.). Et je dois dire que là où – effectivement – il y a de l’écopâturage, c’est super positif et valorisable auprès du grand public. »
Ecopâturage par des ardennais tachetés, une des 3 races rustiques sélectionnées pour pâturer sur les hauteurs des sites extractifs dans le projet Life in Quarries.
» J’étais déjà fort présent dans les carrières du territoire du PNPE mais jusque là, je me concentrais surtout sur les milieux permanents, qui n’étaient pas touchés directement par l’activité d’extraction. Ça, ça a vraiment été une des plus-values du projet ; favoriser la biodiversité pas seulement sur des « micro sites » en périphérie des carrières, mais sur les sites-mêmes et pendant leur phase d’activité ! »
» De plus, on aurait pu m’interdire de quitter le périmètre du parc pour travailler sur certains sites situés non loin en-dehors. Mais il y a eu une certaine souplesse, ce qui est très bien car à partir du moment où on est intégré dans un projet régional, il était normal qu’on travaille sur ces sites-là aussi. Par ailleurs, nous travaillons via une procédure bien définie, avec des protocoles identiques pour les différents sites. Toutes les carrières du projet ont donc bénéficié de la même mise en œuvre des protocoles. »
Quel avenir voyez-vous pour les actions du projet LIFE in Quarries ?
« Il reste encore à finaliser les plans de gestion (dernière étape qui engage les carriers sur une durée de 15 ans après la fin du projet en septembre 2021) mais la dernière « vraie » ligne droite est quand même de faire en sorte que, pour les carriers, tout soit bien en place et bien en tête à la fin du projet afin que toutes les actions mises en place puissent être répétées et pérennisées.
J’essuie, aussi, des critiques sur le rapport que j’entretiens avec les carrières. Mais c’est une activité humaine qui existe, qui évolue et avec laquelle il faut composer. Il faut travailler avec eux car les enjeux (rien qu’en terme de superficie à gérer en faveur de la biodiversité) sont super importants.
C’est pour ça qu’il faut continuer de bâtir une relation de confiance avec les carriers en vue d’obtenir un « win-win » qui sera plus profitable à la nature que si chacun reste campé sur ses propres intérêts. »