Si de nombreuses espèces rares ou menacées trouvent refuge dans les carrières en activité, elles ne sont pas les seules !

Outre les hirondelles de rivage, les crapauds calamites, les hiboux grands ducs, les tritons crêtés, les lestes bruns (vous ne savez plus ce que c’est ? Alors filez consulter notre article sur le sujet !) ou les algues characées, de nombreuses espèces animales et végétales plus communes évoluent, également, sur les sites membres du projet.

Un petit bisou de renard roux (Vulpes Vulpes). Source : membre de l’équipe LIFE in Quarries lors d’un inventaire biologique sur site.

Pour ce premier article de l’année, nous avons décidé de les mettre, pour une fois, sous le feu des projecteurs afin d’illustrer, toujours un peu plus, le formidable potentiel d’accueil pour la biodiversité que présentent les sites extractifs en activité.

Toutes les photos/vidéos de l’article ont été prises par des membres de l’équipe LIFE in Quarries ou des membres du personnel des différents sites membres du projet, d’où le fait que nous ne disposons pas de photographies pour les sangliers ou les chevreuils ; plus difficiles à prendre sur le vif. Merci à eux (et elles) pour leur participation.

 

Fragilité et dureté

Bien qu’en ce mois de janvier, ce ne soit pas vraiment la saison des papillons, ils sont nombreux à voler dans les carrières en été. Un merveilleux moment pour les yeux… et l’estomac des oiseaux !

Une « petite-tortue » (oui c’est trompeur comme nom), observable d’avril à septembre.

Durant la belle saison, on trouve facilement des dizaines d’espèces de papillons dans les friches situées sur les hauteurs des carrières, mais également près des mares temporaires et des quelques arbustes fleuris dans le fond de fosse. Un peu de légèreté et de couleur parmi les blocs de pierre et les tas de sables…

Un machaon aussi appelé grand porte-queue, une espèce très commune dans nos jardins.

Le saviez-vous ? Les chenilles de la petite-tortue (Aglais urticae) croissent sur les orties alors que, celles du machaon (Papilio machaon), se développent sur les tiges et les feuilles de carotte et de fenouil.

Père castor, raconte-nous une histoire

Une petit trempette dans un des bassins d’une carrière en activité, en pleine journée.

Le plus grand rongeur d’Europe a reconquis une bonne partie de son territoire en Belgique dont il avait disparu depuis plus d’un siècle. En 2019 on comptait environ 2.000 castors (Castor fiber) en Wallonie.

Cette espèce de rongeur représente un formidable atout pour la biodiversité puisque, non seulement, il contribue à créer, grâce à ses barrages, de nouvelles zones humides dont peuvent profiter de nombreuses autres espèces menacées, mais il lutte également contre le reboisement naturel des rives ce qui, à nouveau, profite à de nombreuses espèces qui ont besoin de ces sols nus.

L’espèce est, aujourd’hui, « intégralement protégée », ce qui signifie qu’elle ne peut être ni détenue, ni capturée, ni tuée, ni dérangée.

Attention on nous signale des ralentissements sur le plan d’eau

Qu’il s’agisse de simples colverts ou de grands cormorans, de multiples espèces de palmipèdes trouvent, dans les carrières en activité, un endroit idéal où nicher ou, simplement, faire une halte migratoire, comme c’est le cas pour de nombreux oiseaux limicoles (souvenez-vous de l’article sur les chevaliers de nos carrières).

Fuligules morillons sur le plan d’eau permanent d’une carrière en activité.

Les plans d’eau permanents riches en végétation aquatique, en minéraux et contenant souvent des populations de poissons à la taille diverse, représentent non seulement un superbe lieu de vie mais également un formidable garde-manger. Et grâce aux actions du projet LIFE in Quarries « plateformes à oiseaux » – pour que différentes espèces puissent venir nicher au milieu du plan d’eau à l’abri des prédateurs – et « berges en pente douce » – qui rend l’accès à l’eau plus aisé notamment aux oisillons et aux canetons – ils sont toujours plus accueillants pour la vie qui s’y développe.

Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards.

Un solitaire croisé par une belle journée d’été un peu à l’écart des pistes de la carrière, sur un chemin de traverse.

Ce canidé de taille moyenne pourrait difficilement trouver plus à son goût en matière d’habitat : de nombreux endroits discrets où creuser son terrier, pas de voitures pour l’écraser ni d’humains pour le chasser, des proies en abondance (rongeurs, lapins, insectes, poissons et petits oiseaux mais aussi des fruits et des baies puisqu’il est omnivore) et, surtout, un site sur lequel il rôde en prédateur principal !

Peu farouche et se développant dans de nombreux habitats allant des campagnes aux centres-villes, il est présent sur l’ensemble du territoire belge et prospère particulièrement bien dans les carrières où il salue de loin les travailleurs.

Zorro est arrivé !

Introduit en Allemagne en 1934, le raton-laveur est observé en Belgique depuis les années 80. Aujourd’hui, il est bien implanté en Wallonie (seules quelques observations sporadiques ont été recensées en Flandre) où il a commencé à se développer depuis le sud du sillon Sambre-et-Meuse.

 

 

Petit animal nocturne, doté d’une épaisse fourrure (pour laquelle il a, notamment, été élevé en Europe avant que quelques spécimens s’échappent des exploitations), le raton-laveur est, comme le renard, un omnivore particulièrement opportuniste. Il partage également avec ce dernier la capacité de s’adapter à plus ou moins tous les types de milieux (ayant, cependant, une préférence pour les régions humides et boisées, puisqu’il grimpe très bien aux arbres).

Empreintes de ratons-laveurs laissées dans la boue encore humide du petit matin, juste à côté d’une des voies de circulation des engins dans la carrière.

Le raton-laveur a fait l’objet de beaucoup de débats, ces dernières années, quant à sa classification parmi les espèces « nuisibles » pour laquelle trois raisons principales sont avancées : son impact négatif sur les populations d’oiseaux, de coquillages, de crustacées et de batraciens qu’il chasse et pour lesquelles il rentre en compétition avec d’autres prédateurs endémiques comme la martre ou le putois, son rôle en tant que porteur de maladies transmissibles à d’autres animaux et à l’homme et, enfin, sa capacité à très bien s’intégrer dans les zones urbanisées où il n’hésite pas à fouiller les poubelles et à rentrer dans les bâtiments.

Et puis, tous les autres !

Les sangliers, les blaireaux, les rats des villes comme des champs, les loirs, lérots et autres rongeurs, les chevreuils, les amphibiens et les écureuils sans oublier les buses, les hérons, les cigognes, les corneilles noires et les mouettes, les chats du quartier qui viennent s’encanailler, les moineaux et les mésanges du haut de leur branche, et tous les autres qui entourent et bercent, au quotidien, les carrières de leurs chants/grognements/grattements/hululements et y trouvent un lieu de résidence protégé.

Lièvre brun (Lepus europaeus)
Musaraigne pygmée (Sorex minutus)
Grand cormoran (Phalacrocorax carbo)
Qu’est ce qu’on vous disait sur les papillons et les friches dans les carrières en été ?

Mr Blaireau fait sa balade « matinale » (chacun sa définition du matin).

 

Merle à plastron (Turdus torquatus)
Rouge-gorge familier
Fuligules milouins (Aythya ferina)
Cigogne blanche (Ciconia Ciconia)
Grenouille verte (Pelophylax lessonae)

 

Bonne année 2021 à tou.te.s !